Note de problématique
La ville du XXIème siècle est un territoire sur lequel se rencontrent les grands défis de la vie et du vivant. Même si la nature est historiquement présente dans les villes depuis le début de l’urbanisation, elle est actuellement présente dans les documents de planification et d’aménagement des villes sous forme de « biodiversité » … Lire la suite
Salle Chauveau
Programme
Présidente : Fabienne CRESCI – Introduction de l’atelier
Interpellatrice : Anne-Caroline PREVOT
Rapporteures : Claire HARPET et Fabienne CRESCI
14h00 première partie : biodiversité, risques et bienfaits pour la santé
- Ouverture par la présidente, rappel des objectifs de l’atelier
- La problématique : Anne-Caroline PREVOT – Voir la présentation
- 1ère intervention : Gilbert GAULT, Proliférations et intrusions animales et végétales et risques pour la santé des citadins – Voir la présentation
- 2ème intervention : Lydie NEMAUSAT, des chercheurs au jardin – quand la science se met au service des citoyens
- 3ème intervention :Yann FRADIN, Biodiversité et insertion, une même temporalité – Voir la présentation
- Débat
- Synthèse et perspectives : Dominique PONTIER et David FOUCHET
- Présentation rapide de l’affiche
15h30 pause
Affiche :
- A LUDWIG, et M Ripoche, P Leighton, M Iranpour, N Ogden : Biodiversité et risque d’exposition au virus West Nile
16h00 deuxième partie : politique publique et sécurité sanitaire, la responsabilité du politique
- Réouverture par la présidente
- La problématique : Fabienne CRESCI et Anne-Caroline PREVOT – Voir la présentation
- 1ère intervention :Hugues MOURET, Les pollinisateurs, l’exemple du programme Urban Bees – Voir la présentation
- 2ème intervention : Sylvain ALLARD, L’ambroisie : un problème de santé publique et de biodiversité – Voir la présentation
- 3ème intervention : Frédéric SEGUR, politiques biodiversité dans Lyon et les grandes villes françaises et européennes – Voir la présentation
- Débat
- Synthèse et perspectives : Anne-Caroline Prevot : quels champs de recherches pluridisciplinaires ? quelles actions ou politiques publiques ?
Synthèse
Synthèse par F. Cresci et Cl. Harpet :
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Note de problématique – Atelier D : Ville, biodiversité et santé : services de la biodiversité pour la santé en ville
La ville du XXIème siècle est un territoire sur lequel se rencontrent les grands défis de la vie et du vivant. Même si la nature est historiquement présente dans les villes depuis le début de l’urbanisation, elle est actuellement présente dans les documents de planification et d’aménagement des villes sous forme de « biodiversité » : gestion différenciée des espaces verts et des jardins partagés, réouverture et valorisation des zones humides, aménagement des trames vertes et bleues, politiques « 0 phyto », chartes « biodiversité urbaine » etc. Ces nouvelles politiques de nature en ville sont accompagnées d’un changement dans les perceptions et les usages urbains à l’égard de celle-ci. Face à cette montée en puissance des enjeux de biodiversité en ville, quels regards les communautés scientifiques – médecins, vétérinaires, écologues, sociologues, philosophes – portent-elles sur la santé et le bien-être des citadins ? Biodiversité urbaine rime-t-elle véritablement avec santé humaine, ou bien n’est-elle qu’une utopie de plus à l’œuvre dans le paysage urbain ? Réfléchir sur la biodiversité présente dans des lieux dévolus à l’humain (les villes) n’est-il pas une occasion de repenser notre rapport au vivant en général, dans une perspective holiste et systémique ?
L’atelier propose de discuter de ces questions en deux temps, organisés comme une discussion-débat à partir d’exemples.
Risques et bienfaits de la biodiversité en ville pour la santé et le bien-être des citadins
Nous discuterons ici des bienfaits et des risques associés à la présence de biodiversité en ville : quels services pour les citadins peut apporter la biodiversité (réduction des ilots de chaleur, lutte contre le ruissellement et l’érosion, lieux de loisirs et de restauration mentale, lien social) ? Quels risques la présence d’espèces animales et végétales (domestiques, commensales et sauvages) peut-elle entrainer (allergies, transmissions de pathogènes, peurs et phobies, conflits sociaux) ? Peut-on et veut-on dépasser des objectifs simples d’aseptisation de la ville par précaution pour intégrer la complexité du vivant dans une réflexion intégrée ?
Biodiversité urbaine et sécurité sanitaire : responsabilité du politique
L’entrée de la biodiversité dans les espaces urbains s’accompagne souvent de tensions entre les acteurs, humains et non-humains, notamment dans le champ de la sécurité sanitaire (gestion des épidémies, mais aussi bien-être des citadins dans un contexte de densification urbaine). En particulier, la question se pose de l’interférence entre les questions de santé et de bien-être des citadins et les enjeux de conservation dans les politiques d’accueil de la nature en ville.
Nous discuterons ici de la responsabilité du politique dans la gestion de ces questions : existe-t-il des réponses générales ou les questions doivent-elles être traitées en fonction du contexte (géographique, historique, écologique et social) ? L’accueil de biodiversité urbaine est-il l’occasion de renouveler les gouvernances locales et de créer des conditions d’empowerment citoyen ? Quel héritage peut-on tirer de l’histoire des politiques de nature en ville ?
Biographie Dr Gilbert Gault
Dr Gilbert GAULT
Vétérinaire et doctorant à l’USC 1233
Rongeurs Sauvages, Risques Sanitaires et Gestion des Populations
VetAgro-Sup
Biographie
Ecole nationale vétérinaire de LYON 1987 à 1992
Toxicologie clinique et Toxinologie au CNITV de Lyon de 1988 à 1993
Sécurité sanitaire et gestion des populations animales et végétales à la Ville de LYON de 1994 à 2012
Doctorant à USC 1233 depuis 2013
Biographie Antoinette Ludwig
Antoinette Ludwig a complété ses études en médecine vétérinaire en 2002 à l’École Nationale Vétérinaire de Lyon (France). Après une année de pratique vétérinaire en clientèle mixte, elle a effectué un Master sur les facteurs de risques associés au virus du Nil occidental en Camargue. De 2004 à 2009, elle a effectué un PhD en épidémiologie à l’Université de Montréal, sur l’impact du virus du Nil occidental sur les populations de corneilles (Corvus Brachyrhynchos). Entre 2008 et 2009, elle a réalisé un stage post-doctoral sur la modélisation de la propagation de la rage du raton laveur dans le sud du Québec. Depuis août 2009, elle est employée de l’Agence de la santé publique du Canada. Ses intérêts de recherche englobent les maladies infectieuses, en particulier vectorielles (tiques, moustiques) et le risque quelles représentent pour la santé publique. Depuisaoût 2013, elle est professeure associée à l’Université de Montréal
Biographie Lydie Nemausat
Chargée de missions veille écologique à la FRAPNA Rhône (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature – Rhône ; association loi 1901). J’anime un réseau régional thématique autour des thèmes santé-environnement, pollutions et risques industriels. J’anime également un réseau départemental autour de la thématique de l’eau (notamment sur les aspects qualité de l’eau et assainissement) et notre démarche des « Sentinelles de l’Environnement » incitant les citoyens à s’impliquer dans la protection de l’environnement et la prévention des atteintes environnementales.
Née à Montpellier en 1986 et venue à Lyon pour mes études supérieurs. A obtenu son Master (bac +5) en Environnement et Risques Industriels, Naturels et Urbains après 2 années passées à l’Institut Génie de l’Environnement et Éco-développement (ig2e) au campus de la Doua à Villeurbanne. Depuis juin 2010, chargée de missions à la FRAPNA Rhône où elle partage son temps entre missions régionales et départementales, entre santé-environnement, risques industriels, déchets et pollution de l’eau, entre formations et échanges avec des bénévoles FRAPNA et groupes de travail et commissions avec les services de l’État
Sylvain Allard – L’ambroisie : un problème de santé public et de biodiversité
Evinerude est un bureau d’étude en environnement, spécialisé dans la faune et la flore, localisé à Frontonas en Isère. Depuis sa création en 2006, notre bureau travail sur la problématique de l’ambroisie avec la mise en place de plan de gestion au niveau communal et intercommunal mais aussi sous la forme de formations de référents afin d’organiser la lutte contre cette plante.
Les grains de pollens de cette espèce sont de très petite taille (quelques micromètres) et sont dispersés par les vents. Ils provoquent des allergies allant de la rhinite jusqu’au développement d’asthme pour les cas les plus sévères. Ces allergies représentent un coût très important au niveau de la Région Rhône-Alpes, s’élevant à plus de 10 millions d’euros chaque année (médicaments, consultations chez le médecin, arrêts de travail, etc.).
En plus de son caractère allergène, cette espèce exotique en provenance d’Amérique du Nord est aussi responsable d’une perte de rendement dans les cultures et entre en compétition avec la biodiversité en place.
D’abord limitée à la Région Rhône-Alpes, l’ambroisie s’étend aujourd’hui sur une grande partie du territoire national. Il s’agit d’une plante pionnière qui se développe sur des terrains remaniés par l’homme comme les cultures ou les bords de route mais aussi au sein des villes sur des friches, des terrains en construction.
Evinerude a développé un plan de gestion de l’invasive afin de limiter l’expansion de la plante. Ce plan consiste en la réalisation d’un diagnostic pour localiser et quantifier le nombre de pieds d’ambroisie. Suite à cela, des méthodes de luttes appropriées sont déployées en rapport avec l’occupation des sols et des densités de la plante afin de limiter son expansion voire d’empêcher son développement.
Nous pouvons citer parmi ces techniques, la fauche, le traitement infrarouge, le paillage, le déchaumage, etc.
Très sensible à la concurrence des autres plantes, l’ambroisie peut être contrôlée en utilisant la biodiversité déjà en place (en fauchant assez haut et aux périodes appropriées par exemple) afin de garder une concurrence interspécifique ou encore en végétalisant les terrains laissés à nus. Ces méthodes donnent des résultats excellents pour limiter la repousse de l’espèce envahissante, tout en préservant ou réintroduisant des espèces végétales autochtones entrant en compétition avec l’ambroisie.
La lutte contre l’ambroisie permet donc l’augmentation de la biodiversité tout en limitant la dispersion du pollen allergène nuisant à la santé publique.
Gilbert Gault – Proliférations et intrusions animales et végétales et risques pour la santé des citadins
La gestion de la biodiversité en ville et les pratiques respectueuses de l’environnement ont parfois des effets sur la santé de nos concitoyens. A partir d’exemples des intrusions et des proliférations animales (rats, pigeons, moustiques …) ou végétales (datura lauriers roses ambroisies, …) dans la ville de Lyon, les pathologies microbiennes, parasitaires ou toxiques seront illustrées et leurs impacts mesurés sur la santé des habitants des villes mais également leurs impacts sur les populations animales domestiques et sauvages.
Hugues Mouret – Les pollinisateurs, l’exemple du programme Urban Bees
Les abeilles sont en déclin ; une réalité inquiétante périodiquement relayée par les médias. Pourtant le terme « abeille » est généralement assimilé à la seule espèce mellifère (Apis mellifera) élevée dans nos ruches et aux productions apicoles (miel, pollen, propolis, gelée royale, cire et venin). Alors qu’il ne s’agit en réalité (pour la France) que d’une espèce pour près d’un millier d’espèces sauvages ; en d’autres termes, résumer le monde des abeilles à la seule espèce mellifère revient à ne traiter que 0,1 % des espèces ! Cela reviendrait pour les oiseaux, à ne prendre en compte que les moineaux domestiques.
Alors que la réelle plus-value des abeilles sauvages est la pollinisation : 80% des plantes sauvages et 70% des végétaux cultivés nécessitent l’activité pollinisatrice des insectes et en particulier des abeilles pour se reproduire.
Par ailleurs, depuis quelques années, plusieurs études tendent à montrer que, paradoxalement, une certaine diversité faunistique peut trouver en ville des ressources alimentaires et des espaces de refuge ou de nidification.
Ainsi, dans l’état actuel des choses, il apparaît indispensable de maintenir autant que possible des espaces à partir desquels la faune pourra recoloniser les milieux et notamment les milieux agricoles qui sont devenus de vrais déserts biologiques.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le programme européen Life + Biodiversité URBANBEES 2010-2014 (URBAN BEE biodiversity action planS), coordonné par l’association ARTHROPOLOGIA et l’INRA d’Avignon, mené sur le Grand Lyon.
16 sites aménagés ont été mis en place au travers du Grand Lyon, puis évalués dans le cadre d’une thèse. En 2 années de suivi, nous avons trouvé plus de 300 espèces d’abeilles dans l’agglomération lyonnaise : près du tiers de la Faune apiforme française ! Le programme a également permis de réaliser un réseau de relations entre les abeilles et la flore (indigène, exotique, cultivée, horticole, invasive).
Par ailleurs, de nombreuses actions (conférences, sorties, ateliers, formations…) ont été menées durant les 5 années du programme afin de sensibiliser, informer et former différents publics : enfants, familles, grand public, étudiants, professionnels, élus…
Un des objectifs principaux est de produire un guide de gestion afin de préconiser des mesures à mettre en place au sein des espaces verts de l’Union Européenne. C’est au travers d’un travail collaboratif (naturalistes, scientifiques, agents des espaces verts privés et publics…) que nous avons produit ce document, afin qu’il soit pragmatique et directement applicable. Désormais URBANBEES entre dans sa phase de diffusion des résultats en Europe, grâce à une exposition internationale (français, anglais, allemand) et une série de conférences à destination des gestionnaires d’espaces urbains, naturels, agricoles.
Enfin, nous envisageons de prolonger l’action dans un programme transnational, avec le concours de plusieurs pays, dont les premiers contacts (Londres, Bruxelles, Genève) sont très enthousiastes.
Biographie Frédéric Segur
Responsable du Service Arbres et Paysage
Communauté urbaine de Lyon
Après une formation universitaire en biologie, écologie et génétique, puis sur la forêt à l’École National du Génie Rural, des Eaux et des Forêt, j’ai choisi de spécialiser mon travail sur l’idée de « foresterie urbaine ». Après un début comme consultant indépendant au début des années 90, j’ai finalement intégré la Communauté urbaine de Lyon en 1994 pour créer un nouveau service, baptisé Arbres et Paysage. Les missions très transversales de ce service vont de la participation à l’élaboration des politiques d’agglomération sur les questions liées à la nature en ville (Charte de l’arbre, Plan Climat, Agenda 21, Plan Local d’Urbanisme.…), au suivi du volet paysager des opérations d’aménagement urbain sur les 59 communes du Grand Lyon, et enfin à la gestion de plus de 90 000 arbres situés sur les espaces publics. Dès le départ de cette action, l’objectif principal a été de relier la question de l’arbre avec l’ensemble des métiers de l’aménagement urbain afin d’en faire une préoccupation partagée. Il s’est agit ensuite de prendre en compte deux objectifs incontournables : la communication avec une ambition à la fois informative, mais surtout pédagogique et culturelle ; l’innovation en cherchant à associer une démarche de recherche appliquée aux principaux chantiers d’aménagement paysager menés par le Grand Lyon. Ces axes de recherche portent notamment sur l’adaptation de la ville aux changements climatiques dans une optique de santé et de qualité de vie.
Je suis par ailleurs :
- Membre du Conseil Scientifique de Plante & Cité
- Membre de l’AITF (Association des Ingénieurs Territoriaux de France) et co-animateur du groupe de travail national « espaces verts, nature et paysage ».
- Membre de l’association Hortis (associations des directeurs de parcs et jardins publics français).
- Vice-président de Qualipaysage (Association de qualification des entreprises du paysage)
Frédéric Segur – La question de la santé dans les politiques nature et biodiversité des grandes villes françaises
Les questions qui associent nature et santé au développement urbain ont fait l’objet d’une évolution très contrastée dans l’histoire des villes modernes. On peut schématiquement retenir 4 principaux temps qui jalonnent cette histoire.
1. L’équilibre ville/nature comme condition d’hygiène et de santé dans la construction des métropoles de la seconde moitié du XIXème siècle. A partir d’observations et de fortes intuitions ce lien s’exprime dans la forme et la cohérence des aménagements et nous livre à la fois un héritage concret et un message.
2. La perte de valeur de la ville fonctionnelle du XXème siècle pour les questions d’environnement. La compartimentation des savoirs techniques et la hiérarchisation des fonctions urbaines remettent fortement en cause cet équilibre, fait de la nature une variable d’ajustement, mais génère progressivement une réaction citoyenne.
3. La question des pesticides comme facteur déclenchant la redécouverte des enjeux qui relient nature et santé par les collectivités à la fin du XXème siècle. C’est par ce prisme que le lien entre nature, santé et développement urbain réapparait dans les préoccupations des services « espaces verts » des villes.
4. La redécouverte des fonctions et services écosystémiques rendus par la nature. L’équilibre ville/nature redevient un facteur essentiel pour un développement urbain durable. Une convergence des résultats de recherches scientifiques confirme les intuitions du XIXème siècle et offre des perspectives opérationnelles nouvelles.
Le cinquième temps qui s’amorce actuellement appelle a un engagement actif des habitants des villes autour de ces enjeux de biodiversité et de santé : la mobilisation et la participation citoyenne doit permettre l’émergence d’un autre rapport à la ville autour de nouveaux objectifs et d’un renouvellement des valeurs du bien vivre en ville.
Biographie Fabienne Cresci
Fabienne Cresci, Directeur du Développement des Campus et de la Stratégie Immobilière – Université de Lyon.
– Architecte et urbaniste de formation, CEAA jardins historiques et Paysages
– Chef de projet aménagement urbain Communauté Urbaine en 1990
– Responsable du bureau d’études de la direction de voirie jusqu’en 1997
– Chef de projet à la mission Tramway jusqu’en 2002
– Directeur de projet Tramway à Saint-Etienne Métropole
– Directrice du Développement Urbain et économique à la ville de Saint-Etienne jusqu’en 2008
– Déléguée générale au Développement Urbain du Grand Lyon de juillet 2008 à février 2014
– Depuis Février 2014 : Directeur de la Stratégie Immobilière et du Développement des Campus : Elle prend en charge la mise en cohérence des stratégies de développement chacun des campus du site Lyon et Saint-Étienne et assure la mise en œuvre opérationnelle du projet « Lyon Cité Campus ».
Lydie Nemausat – Des chercheurs au jardin – quand la science se met au service des citoyens
Lancé en 2012, « des chercheurs au jardin » a constitué le projet pilote du dispositif lyonnais et stéphanois « d’accompagnement scientifique des questions citoyennes ». Financé par la Région Rhône-Alpes, il a permis à la Société des jardins ouvriers de Villeurbanne de mobiliser des scientifiques d’IRSTEA et du GRePS, ainsi que la FRAPNA Rhône autour de la question « Quelle Rize pour les jardins ouvriers de Villeurbanne ? ». Une question qui recouvrait en vérité deux problématiques : celle de l’envasement de la rivière Rize qui longe une partie des jardins ouvriers, et celle des pratiques des jardiniers au regard de l’écologie.
Pour la FRAPNA, l’intérêt de ce projet était double : faire découvrir et apprécier aux jardiniers la faune et flore de leurs jardins et les sensibiliser à des pratiques de jardinage plus respectueuses de l’environnement et de leur santé.
Introduction Atelier D – La ville gagne sur la campagne
Cette formule que l’on trouve dans les vieux manuels de géographes qualifiait clairement la forme de développement de la ville, qui a peu à peu fait de la nature un « arrière-plan », une ressource sur laquelle elle a inconsidérément puisé pour s’étendre.
La nature, donc, comme réserve foncière et nourricière de la Ville.
Et pourtant en dépit de cette colonisation spatiale, fonctionnelle, sociale et « alimentaire », la nature n’a jamais cessé d’être et à de multiples points de vues : hygiénistes, romantiques, pédagogiques, sanitaire, une réserve inépuisable dans la quête du « bien-être ».
C’est le double constat de la finitude des ressources et d’une nécessaire économie de leur utilisation, et celui d’une nécessité du bien-être en ville grâce à la nature qui a initié à la fin du siècle précédent et au début de celui-ci le retour de la nature au premier plan de la scène urbaine.
Ce retour est multiforme et prend une ampleur inattendue dans ce milieu qui ne lui est pas spontanément hospitalier : la ville.
C’est à travers la qualification de biodiversité que faune et flore s’introduisent partout en ville, de façon domestiquée ou plus invasive. Les documents de planification, documents d’organisation et de régulation de l’extension de l’espace urbain mais aussi de protection de la santé : schémas directeurs et règlements d’urbanisme, règlements sanitaires, définissent, protègent, délimitent et régissent espèces, milieux, trames vertes et bleues mais aussi risques et interventions de régulation voire d’éradication.
La biodiversité investit donc le débat sur la ville, et à ce titre met face à face deux familles d’acteurs : le citoyen et le politique.
L’atelier 4, Biodiversité et santé en ville va en deux parties de 3 interventions chacune : « risques et bienfaits de la biodiversité en ville pour la santé et le bien-être des citadins » puis « biodiversité urbaine et sécurité sanitaire : responsabilité du politique » permettre de placer quelques coins dans ce débat qui engage les uns dans une attente jamais assouvie ou au contraire un besoin de protection jamais garantie, et les autres dans une affirmation obligée et parfois schizophrénique du toujours plus de nature en ville en même temps que celle d’une nécessaire prudence et d’une anticipation de plus en plus « pré-contentieuse » des risques sanitaires.
Je passe la parole à Anne-Caroline Prévôt qui va introduire les différentes problématiques identifiées, en interpellant à 2 reprises les 6 intervenants qui ont été mobilisés dans le cadre de ce colloque. Leurs pratiques, leurs points de vue, leur rôle comme acteurs entre citoyens et politiques seront autant et d’outils et de pistes pour engager le débat.
Biographie Claire Harpet
CLAIRE HARPET – Ingénieure de Recherche, Lyon 3
Chaire Industrielle « Rationalités, usages et imaginaires de l’eau »
Université Jean-Moulin Lyon3 / Lyonnaise des Eaux
Docteure en Anthropologie – Chercheure associée Laboratoire « Eco-Anthropologie et Ethnobiologie » (CP 135) UMR 7206 (CNRS/MNHN) Muséum National d’Histoire Naturelle Coordinatrice Pédagogique – Master Ethique et développement durable Faculté de Philosophie.
Docteur en Anthropologie, spécialisée dans les interactions hommes / milieu, Claire Harpet est Ingénieur de recherche à l’Université Lyon 3 et Chercheur associé au sein du Laboratoire d’Eco-Anthropologie et d’Ethnobiologie du CNRS / MNHN (Muséum National d’Histoire Naturelle). Ses principaux travaux de recherche sont centrés sur les relations et les perceptions des populations locales de l’Océan Indien (Madagascar – Mayotte) à l’égard de leur milieu, ainsi que leur implication dans les processus de conservation et gestion de la biodiversité. Depuis 2012, elle mène de nouveaux terrains d’étude sur les relations des hommes avec l’eau (usages, représentations) au sein du Muséum National d’Histoire Naturellle (Paris) et dans le cadre d’une Chaire Industrielle sur l’eau (« rationalités, usages et imaginaires de l’eau ») à l’Université Jean-Moulin Lyon 3.
Interview: