VetAgro Sup Région Rhône-Alpes Université de Lyon

Atelier B – L’antibiorésistance, une réalité ?

Note de problématique

Depuis leurs premières utilisations à des fins thérapeutiques, pendant la deuxième guerre mondiale les antibiotiques ont été, avec les vaccinations et les progrès de l’hygiène l’un des trois piliers de … Lire la suite

Salle 6

Programme

Président : professeur Patrice COURVALIN

Interpellateurs : Jean-Yves MADEC et Jean CARLET

Rapporteurs : docteure Monique CHOMARAT et docteur Florent VALOUR

14h00 première partie : Les enjeux, comprendre

15h30 pause

Affiche :

16h00 deuxième partie : des solutions ? agir

Synthèse

Synthèse par D. Chomarat et Fl. Valour :

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Note de problématique – Atelier B : L’antibiorésistance, une réalité ?

Depuis leurs premières utilisations à des fins thérapeutiques, pendant la deuxième guerre mondiale les antibiotiques ont été, avec les vaccinations et les progrès de l’hygiène l’un des trois piliers de la lutte contre les infections bactériennes.

Cependant, 70 ans plus tard, les antibiotiques sont en grand danger, car si leur consommation ne cesse d’augmenter dans la plupart des pays la résistance bactérienne croit de façon parallèle au point qu’elle serait responsable annuellement de 25 000 décès en Europe. Chronique d’une catastrophe annoncée, certes, depuis une vingtaine d’années, les scientifiques ne cessent de stigmatiser le mésusage des antibiotiques dans les domaines où ils étaient triomphants, comme étant à l’origine de leurs échecs croissants.

Cette dramatique constatation est faite à l’échelon mondial même si elle reste inégale d’un pays à l’autre. C’est la France qui détient en Europe le record de consommation d’antibiotique, comme l’a montré l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé dans un rapport 2013 qui en outre constate une augmentation de 3 % au cours des 5 dernières années.

Dans le même temps aux Etats-Unis, le Centre de contrôle et de prévention des maladies fait état de 23 000 décès annuels liés à l’antibiorésistance, insiste sur les mauvaises pratiques de prescription dans les hôpitaux et appelle à une action urgente. Le 18 novembre 2013, lors de la sixième Journée européenne de sensibilisation à l’usage des antibiotiques, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) présente des données inquiétantes sur la progression de l’antibiorésistance, en provenance de 30 pays. Enfin, en mai 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dresse un tableau très complet de la résistance actuelle aux antibiotiques affectant aussi bien les bactéries rencontrées en pathologie humaine que les bactéries zoonotiques, et met en garde contre cette grave menace pour la santé publique dans toutes les régions du monde

Cette situation est d’autant plus préoccupante que peu de nouveaux antibiotiques ont été mis sur le marché depuis dix ans et on sait que peu de nouvelles molécules sont actuellement en cours d’essai. Cette pénurie en nouveaux agents antibactériens efficaces est indiscutablement un problème majeur de santé publique. Sans une réponse collective rapide, il est certain que des infections vont devenir de plus en plus difficiles, voire impossibles à traiter, et certaines situations médicales à haut risques infectieux (transplantations, chirurgie lourde, traitements immunosuppresseurs …) pourront apparaître trop dangereuses pour être entreprises. Dès à présent, certaines infections non seulement nosocomiales mais de plus en plus souvent communautaires liées à des bactéries multi-résistantes sont en situation de grande difficulté voire d’échecs thérapeutiques. La situation peut devenir dramatique lorsqu’il s’agit d’infections contagieuses comportant un risque majeur de dissémination. Ainsi le profil de la tuberculose est en train de se modifier avec l’apparition de souches de Mycobactérium tuberculosis mono (MDR) ou multirésistantes (XDR) qui diffusent rapidement à partir des pays d’Europe de l’Est ou d’Asie mineure où ces souches peuvent représenter jusqu’à 30 à 40 % des isolats.

La World Alliance Against Antibiotic Resistance (WAAAR) mouvement fondée par un ancien réanimateur parisien Jean Carlet, plusieurs actions doivent être mise en place rapidement. Elles passent par la prise de conscience du danger par tous les acteurs avec mise en place de campagnes d’information et d’éducation tout autant orientées vers le grand public que l’ensembles des professionnels de santé, pour un emploi plus rationnel des antibiotiques, l’inscription du « concept d’antibiotique » au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, la mise en place de plans nationaux de lutte contre la résistance bactérienne dans chaque pays, la création d’observatoires nationaux de la consommation des antibiotiques, la prise en compte beaucoup plus que cela n’est fait actuellement des données fournies par les centres de références nationaux de la résistance bactérienne, et surtout l’application d’une vraie politique de l’antibiothérapie dans les hôpitaux, la ville, l’élevage, l’aquaculture, …). Il semble important aussi de développer de nouveaux tests diagnostiques fiables pour favoriser un traitement antibiotique rapide et ciblé, et enfin de favoriser la recherche fondamentale et appliquée avec le développement de nouveaux traitements et vaccins anti-bactériens.

En France, le Plan Antibiotiques 2011- 2016 du ministère de la santé fixe un objectif chiffré en matière de réduction des consommations de ­ 25 % d’ici 2016, avec 3 axes stratégiques, renforcer l’efficacité de la prise en charge du patient (avec des actions de mobilisation et de formation des prescripteurs), préserver l’efficacité des antibiotiques existants (en surveillant leur consommation et les résistances), et promouvoir la recherche de nouvelles molécules. Parallèlement, le ministère de l’Agriculture a mis sur pied le plan national « Ecoantibio » dont l’objectif est de réduire de 25% l’usage des antibiotiques en médecine vétérinaire sur une période de 5 ans (2012-2017) pour préserver durablement l’efficacité de l’arsenal thérapeutique pour la santé animale et la santé humaine. Face au danger que représentent les antibiotiques en élevage, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) préconise l’abandon de leur usage en prévention dans son rapport publié le 20 juin.

S’il est de plus en plus reconnu que la faune sauvage doit avoir un rôle majeur dans l’émergence et l’évolution de l’antibiorésistance, les données et informations scientifiques demeurent rares et éparses. Pour pallier cette carence, il devient primordial de combler les lacunes de nos connaissances actuelles. Quatre questions principales devraient être abordées pour atteindre ce but: i) Quelles bactéries résistantes sont les plus fréquemment observées chez les animaux sauvages ? ii) Dans quels écosystèmes et habitats se rencontrent-elles ? iii) Ces résistances sont-elles associées à des caractéristiques écologiques particulières des espèces hôtes ? iv) Où et comment se font les échanges de ces antibiorésistances entre la faune sauvage et les autres compartiments concernés?

Plus globalement les milieux naturels eux-mêmes sont un lieu privilégié d’émergence d’antibiorésistances, en particulier via les conséquences des agressions/stress environnementaux qu’ils subissent (pollutions, métaux lourds, …). On peut s’interroger par exemple sur les effets de concentrations de faibles doses en cocktail de polluants. Ceci amène à approfondir les enjeux de l’écologie microbienne, et à se pencher sur des solutions concernant justement ces agressions des milieux naturels (que faire dans les stations d’épuration par exemple ? etc…).

Les réponses à ces axes sont indispensables pour relever le défi de la lutte contre l’antibiorésistance. Ainsi, il paraît de plus en plus nécessaire de mettre en place des observatoires de la diffusion des bactéries antibio-résistantes dans le milieu extérieur et particulièrement de mesurer l’évolution de la contamination de la faune domestique mais aussi de la faune sauvage par des espèces bactériennes porteuses des gènes de résistance. De la même façon, il est tout aussi important de surveiller la contamination du milieu extérieur par des résidus antibiotiques éliminés par les déjections humaines ou animales.

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Antoine Andremont

Biographie :
Pr. Antoine Andremont, Faculté de Médecine de l’Université Paris-Diderot

Après une formation de base en pédiatrie, complétée par une formation aux Etats-Unis et en milieu tropical, j’exerce la bactériologie médicale en France depuis 1979 d’abord au Laboratoire de Microbiologie Médicale de l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif) puis depuis 1996 au sein du Groupe Hospitalier Bichat-Claude Bernard. J’ai été Professeur à la Faculté de Pharmacie de Chatenay-Malabry (Université Paris XI) de 1988 à 1996 puis à la Faculté de Médecine Xavier-Bichat (Université Paris VII) depuis lors.
Mon activité de recherche est centrée sur le rôle des flores commensales dans l’évolution de la résistance bactérienne et la survenue des infections nosocomiales et les moyens de la combattre. Je suis Expert auprès de la Cour d’Appel de Paris et agréé par la Cour de Cassation. Enfin j’ai co-fondé la start-up DaVolterra dans le cadre de la Loi sur l’Innovation et la Recherche.

Interview:

Biographie Dr Philippe Carenco

Centre Hospitalier de Hyères (Var)
Médecin hygiéniste depuis 1998
1997 en collaboration avec l'ENSP : caractérisation des effluents hospitaliers du CH Hyères, étude d'impact sur le réseau d'assainissement urbain
depuis 2002 : membre du CDH puis CODERST du Var au titre de personnalité qualifiée
2007 : participation aux concertations du Grenelle de l'environnement
depuis 2007 : enseignement aux différentes structures de formations des professionnels de santé dans le Var sur l'impact de l'activité sur l'environnement
depuis 2008 : pilotage du comité DD des établissements de santé du bassin hyérois (GIP COMET)
depuis 2008  : membre de la commission DD de la Société française d'hygiène hospitalière
depuis 2009 : participation aux travaux des Comités de suivi de projet du Groupe Régional Santé -Environnement  PACA
2009-2013: pilotage d'une action inscrite, labellisée et financée au PRSE de réduction des biocides utilisés dans les établissements de l'aire hyéroise
depuis 2010 : enseignant au DU d'Hygiène hospitalière de Nice en charge du module "hygiène de l'environnement et ses impacts".
depuis 2012 : délégué de la SF2H au groupe de rédacteurs du guide DGS à paraître "Gestion des déchets  liquides et médicamenteux des établissements de santé et médico-sociaux"
2014- 2016: pilotage d'une action du Plan territorial de Santé du Var visant à réduire les biocides issus des établissements varois de santé et médico-sociaux
2014 : pilotage d'un projet labellisé au PRSE visant à évaluer l'efficacité de plantations d'espèces réputées insectifuges sur la densité d'Aedes albopictus dans l'environnement d'établissements de santé

Biographie Jean Carlet

Jean Carlet est consultant en maladies infectieuses. Il a 68 ans. De 1980 à 2008, il a été chef de service de réanimation dans le groupe hospitalier Paris St Joseph, à Paris. Il a été président du comité technique des infections nosocomiales, au ministère de la santé pendant 12 ans (1992 à 2004), et président de la société européenne de réanimation de 1996 à 1998.Il a occupé le poste de directeur médical de la direction « Amélioration de la qualité et de la sécurité des soins » à la HAS, de 2008 à 2010. Il est président de l’Alliance Contre le développement des Bactéries Multi-Résistantes depuis 2011. Ses centres d’intérêt médicaux sont l’infection grave, les infections liées aux soins et la résistance bactérienne aux antibiotiques. Il a publié 225 articles dans des revues avec comité de lecture, et de très nombreux chapitres de livres.

Biographie Pr Patrice Courvalin

Né le 14 juillet 1944 à Oujda (Maroc)
Nationalité : Française
Coordonnées professionnelles : Institut Pasteur, Unité des Agents Antibactériens, 25-28, rue du Dr. Roux, 75724 Paris Cedex 15
Tél. 01 45 68 83 20 / Fax 01 45 68 83 19 / Email : pcourval@pasteur.fr

Titres universitaires
- 1971 : Maîtrise ès-Sciences
- 1972 : Maîtrise en Biologie Humaine
- 1974 : Doctorat d'Etat en Médecine / Diplôme d'Etudes Approfondies ès-Sciences

Grades à l’Institut Pasteur
- 1991-... : Professeur
- 1981-1990 : Chef de laboratoire
- 1976-1980 : Chargé de Recherches
- 1972-1975 : Assistant
- 1970-1971 : Boursier de la Fondation Roux
- 1969-1970 : Interne à l'Hôpital

Activités de Recherche
- 1970-1972 : Unité de Bactériologie Médicale, Pr. Y.A. Chabbert, Département de Bactériologie et Mycologie, Institut Pasteur.
& 1977-1983
- 1973-1974 : Unité de Recherches sur les Virus Oncogènes, Pr. F. Cuzin, Département de Biologie Moléculaire, Institut Pasteur.
- 1974-1977 : Laboratoire du Pr. J.E. Davies, Département de Biochimie, Université du Wisconsin-Madison, USA.
- 1983-… : Unité des Agents Antibactériens, Département de Microbiologie Fondamentale et Médicale, Institut Pasteur.
- 1989-1990 : Laboratoire du Pr. D.R. Helinski, Center for Molecular Genetics, Université de Californie, San Diego, USA.
- 1991-1994 : Laboratoire du Pr. M.H. Saier Jr., Département de Biologie, Université de Californie, San Diego, USA.
- 1995-... : Visiting Professor, Département de Biologie Université de Californie, San Diego, USA.

Fonctions à l'Institut Pasteur
- 1970-1974 : Responsable du Laboratoire Clinique d'Antibiothérapie de l'Unité de Bactériologie Médicale.
- 1977-1982 : Responsable du Laboratoire de Biochimie de l'Unité de Bactériologie Médicale.
- 1977-1982 : Co-directeur du Centre National de Référence de la Résistance aux Antibiotiques.
- 1982-1986 : Adjoint au Chef de Département de Bactériologie et Mycologie.
- 1983-... : Directeur du Centre National de Référence de la Résistance aux Antibiotiques.
- 1983-... : Chef de l'Unité des Agents Antibactériens.
- 1992-1993 : Adjoint au Chef de Département de Bactériologie et Mycologie.
- 1993-1996 : Chef de l'Equipe Postulante J0058 du Centre National de la Recherche Scientifique.
- 2000-2002 : Vice-Président du Conseil Scientifique.
- 2002-2003 : Directeur du Département de Microbiologie Fondamentale et Médicale.

Comités de rédaction
"Journal of Antibiotics", Tokyo, Japon. "Annales de Microbiologie", Paris, France. "Infectologika", Madrid, Espagne. "La Lettre de l'Infectiologue", Paris, France. "The Journal of General Microbiology", Londres, Grande-Bretagne. "Journal of the Spanish Society of Chemotherapy", Madrid, Espagne. "Antimicrobial Agents and Chemotherapy", Washington, DC, USA. "Quinolones Bulletin", Francfort, Allemagne. "Les Cahiers de l'ICAAC", Paris, France. "The Journal of Antimicrobial Chemotherapy", Londres, Grande-Bretagne. "Enfermedades Infecciosas y Microbiologia Clinica", Barcelone, Espagne. "Clinical Microbiology and Infection", Bâle, Suisse. "Biologie-Infectiologie", Rabat, Maroc. “Microbial Drug Resistance”, New York, USA. "Pyrexie", Paris, France. "Drug Resistance Updates", Londres, Grande-Bretagne. "Current Opinion in Microbiology", Londres, Grande-Bretagne. "Emerging Infectious Diseases", Atlanta, Georgia, USA. "Journal of Molecular Microbiology and Biotechnology", Norfolk, Grande-Bretagne. "Antibiotiques", Paris, France. "Les cahiers de l’ICAAC", Paris, France. "International Journal of Medical Microbiology", Würzburg, Allemagne. "Revue Marocaine de Biologie-Infectiologie", Rabat, Maroc. "Current Drug Targets – Infectious Disorders", Bethesda, USA. "Emerging Infectious Diseases", Atlanta, Georgia, USA, éditeur associé.

Sociétés savantes
Membre de l'American Society for Microbiology, la British Society for Antimicrobial Chemotherapy, la British Society for General Microbiology, l'European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases, l’Infectious Diseases Society of America, la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française et la Société Française de Microbiologie.

Loic Bollache - Relation trophique et prévalence de gènes de résistances aux antibiotiques dans les communautés bactériennes de poissons

L'émergence de gènes de résistance aux antibiotiques (ATB) et leur dissémination dans l’environnement devient depuis plusieurs décennies une préoccupation majeure et un problème sanitaire crucial. Les gènes de résistance sont présents chez de nombreuses espèces bactériennes pathogènes ou non et le problème se pose lorsque des bactéries pathogènes de l'Homme portent des gènes de résistance et rendent leurs traitements difficiles.
Dans ce contexte, l'étude des sources de contamination en ATB de l'environnement et leur devenir est indispensable. Parmi les sources de contamination de l’environnement, les effluents de STEP semblent jouer un rôle non négligeable. Ils se retrouvent ainsi dans les rivières, mais sont aussi utilisés par certains agriculteurs comme solutions alternative d'irrigation. Ainsi, le compartiment aquatique et plus particulièrement les poissons apparaissent comme des individus potentiellement colonisables par des bactéries entériques résistantes se trouvant dans l'environnement aquatique. La capacité à coloniser les systèmes digestifs de plusieurs espèces de poissons par des bactéries résistantes à la céfotaxime a été étudiée. Cette étude préliminaire sur des poissons prélevés dans deux rivières bourguignonnes a montré que la contamination des poissons par ces bactéries résistantes semble liée à leur type de régime alimentaire. Les carnivores semblent avoir un intestin moins colonisé que les omnivores dans leur environnement naturel. Une étude complémentaire au laboratoire en inoculant une souche bactérienne d’E.coli résistante à la céfotaxime à deux espèces de poissons, omnivore et carnivore. Les résultats obtenus ne montrent pas les mêmes tendances que l’étude en milieu naturel.
Cette étude préliminaire représente un point de départ pour mieux appréhender la circulation de gènes de résistance aux antibiotiques dans l’environnement aquatique.

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Philippe Carenco - L'enjeu de l'hygiène hospitalière dans la prévention de la diffusion des résistances bactériennes en milieu naturel

La diffusion des gènes de résistance aux antibiotiques dans le milieu naturel à partir de différents types d'effluents a fait l'objet d'études permettant de caractériser et d'évaluer la part de chacune. Des considérations théoriques appuyées sur des premiers résultats expérimentaux militent en faveur de l'acquisition de résistances croisées entre antibiotiques et désinfectants, deux substances biocides par des mécanismes biologiques communs. Dans les établissements sanitaires et médico-sociaux, l'utilisation raisonnée des produits d'entretien constitue un préalable aux actions sur les rejets liquides,  encore expérimentales, permettant de réduire l'émission des bactéries résistantes et de leurs promoteurs dans le milieu naturel.

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ème intervention :

Biographie François Renaud

François Renaud (DRCE – CNRS) travaille sur les interactions génétiques entre hôtes et pathogènes, plus particulièrement sur les parasitoses humaines. Il s’intéresse plus particulièrement à la biologie évolutive des pathogènes qui affectent notre espèce et les grands primates. Il développe maintenant des recherches sur l’écologie et l’évolution de communautés de procaryotes qui ensemencent, colonisent et parasitent les écosystèmes physiologiques, dont l’Homme. Il est le directeur adjoint de l’unité MIVEGEC (CNRS-IRD-Université Montpellier) et Chargé de Mission Scientifique à l’Institut Ecologie et Environnement (INEE) du CNRS pour le champ disciplinaire « Ecologie, Evolution et Santé ».

Biographie Marion Vittecoq

Je m’intéresse principalement à la dynamique des maladies infectieuses à l’interface entre faune sauvage, animaux domestiques et populations humaines. J’ai soutenu en 2012 ma thèse portant sur les maladies émergentes au sein des zones humides méditerranéennes dans le contexte des changements globaux. J’ai ensuite rejoint pour un an l’unité MIVEGEC de Montpellier (CNRS/IRD/UM) au sein de laquelle j’ai étudié le cancer au sein de la faune sauvage tout en développant des recherches centrées sur les bactéries antibiorésistantes chez les oiseaux. Récemment recrutée à la Tour du Valat, je développe actuellement, en collaboration avec l’unité MIVEGEC, un projet de recherche visant à mieux comprendre le rôle de la faune sauvage dans la dynamique des antibiorésistances.

Interview:

Marion Vittecoq & François Renaud - Antibiorésistance, Ecosystèmes et Faune sauvage

Le développement des antibiorésistances est une menace majeure pour la santé humaine. Les connaissances portant sur ces résistances au sein des populations humaines et d’animaux domestiques ont rapidement progressé ces dernières années. A l’opposé alors que les liens épidémiologiques étroits existant entre la faune sauvage et ces deux compartiments sont maintenant reconnus, les données sur les antibiorésistances au sein de la faune sauvage restent rares. Nous ferons le point sur les connaissances disponibles et les axes de recherche restant à développer en nous appuyant sur quatre questions : i) Quelles bactéries antibiorésistantes sont présentes au sein de la faune sauvage ? ii) Dans quels habitats les observe-t-on ? iii) Quelles sont les caractéristiques écologiques des espèces hôtes de ces bactéries ? iv) Où et comment ces résistances sont-elles échangées entre faune sauvage, populations humaines et animaux domestiques ?

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Jean Carlet - Les solutions pour endiguer le problème, les plans antibiotiques, les propositions d'actions de la WAAAR

La résistance bactérienne est en augmentation constante. Elle touche tous les pays du monde, mais avec d’importantes différences entre les pays. Les pays en développement sont très touchés. Il existe de très nombreuses mesures à prendre si l’on veut avoir une action de limitation de la résistance aux antibiotiques. Certaines actions, comme le bon usage des antibiotiques, et la prévention de la transmission croisée sont fondamentales. Aucune de ces actions, regroupées en dix points dans une déclaration récente de WAAAR, ne peut être active isolément, et toutes sont complémentaires. De plus, il est indispensable que ces actions soient mondiales, et globales, et qu’elles soient coordonnées par des structures qui peuvent logiquement mener cette croisade. L’OMS, en coopération avec l’OIE et la FAO sont manifestement les organisations qui ont la capacité de mener cette grande campagne mondiale. L’OMS en a récemment manifesté la volonté.

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Biographie Jean-Yves Madec

Né en 1965, Jean-Yves MADEC est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, Agrégé de Biologie, Docteur Vétérinaire, Docteur d’Université, Titulaire de l’Habilitation à Diriger des Recherches et du Diplôme Universitaire Antibiotiques/Antibiothérapie de l’Université Paris VIII. Jean-Yves MADEC est actuellement Directeur de Recherches et Chef de l’unité Antibiorésistance et virulence bactériennes à l’Anses, et est fortement impliqué dans la surveillance de l’antibiorésistance animale, au travers de la coordination du réseau Résapath, de la présidence du Groupe Vétérinaire du Comité de l’Antibiogramme de la Société Française de Microbiologie et de nombreux travaux d’expertise sur l’antibiorésistance aux plans nationaux et européens. Jean-Yves MADEC conduit également des activités de recherche sur les mécanismes moléculaires de la résistance et de la virulence bactériennes, incluant le lien homme-animal.

Antoine Andremont - Les risques médicaux de l’antibiorésistance dans la complexité des relations Nord-Sud

Essayons d’être optimistes et productifs. Quelles sont les diverses pistes possibles pour combattre l’évolution de la résistance. Il y en a actuellement 4 envisageables. La première est bien entendu la diminution de la consommation qui n’est pas facile à mettre en œuvre. On obtient certains succès dans les pays industrialisés mais ils sont instables. C’est bcp plus difficile dans les pays en développement à la fois car l’industrie des génériques et florissantes et parce que les systèmes de régulation n’existent pas ou peu. La deuxième est la mise sur le marché de nouveaux antibiotiques. Elle se heurte à des intérêts contradictoires. Les firmes pharmaceutiques rêvent de nouveaux blockbusters tandis que les académiques et les agences voudraient des produits de niche. Le modèle économique n’est pas encore trouvé. La troisième est l’attaque des bactéries résistantes dans les flores commensales et/ou l’environnement. C’est très prometteurs mais rien n’est encore vraiment prêt, ni du côté industriel ni du côté réglementaire pour trouver un statut à une telle approche. La dernière est l’innovation de rupture. Par définition on ne peut encore la décrire mais le retour des meilleurs cerveaux vers ce domaine semble être en marche !

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Jean-Yves Madec - L’antibiorésistance en médecine vétérinaire

Sur le sujet de l’antibiorésistance, le monde animal est souvent pointé du doigt. L’agriculture utilise la plus grande quantité pondérale d’antibiotiques dans le monde, et l’antibiorésistance a fortement augmenté chez l’animal ces dernières années. Sa contribution directe à la résistance chez l’Homme reste débattue, le lien Homme-animal ne pouvant se résumer au simple transfert d’un compartiment vers l’autre. En outre, de nombreux exemples de transmission de l’antibiorésistance de l’Homme vers l’animal sont décrits. L’essentiel des initiatives (et donc des résultats) contre l’antibiorésistance animale se situe en Europe (Danemark, Pays-Bas, France, …). Certains pays, même parmi les plus développés, n’ont pas ce niveau d’engagement (USA). D’autres, où les faibles niveaux de maîtrise sanitaire s’ajoutent à l’absence de contrôle de l’usage des antibiotiques chez l’animal, constituent des réservoirs massifs de résistances (Inde). Environ la moitié des pays adhérents à l’Office International des Epizooties (OIE, « l’OMS animale ») utilise les antibiotiques comme facteurs de croissance en élevage (ce n’est plus le cas en Europe depuis bientôt 10 ans). Enfin, les échanges commerciaux mondialisés des animaux et des denrées alimentaires brouillent les cartes pour identifier les leviers d’action possibles. Aujourd’hui, le sujet doit être considéré à l’échelle des écosystèmes, et transversalement aux disciplines, puisque le point critique majeur est l’enrichissement inexorable des flores commensales et environnementales en gènes de résistance.

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Synthèse Atelier B par D. Chomarat et Fl. Valour